« Les coups et la torture »
Il ne s'était pas trompé. « Le 17 juin 1940, Jean Moulin refuse, malgré les coups et la torture, de signer un document que lui soumettent les autorités allemandes, accusant les tirailleurs sénégalais de l'armée française d'actes de barbarie sur des civils », résume la préfecture d'Eure-et-Loir.
Le ministère de l'intérieur poursuit le récit : « Ils le traînent alors devant les cadavres déchiquetés des prétendues victimes (à Saint-Georges-sur-Eure, NDLR) et le torturent jusqu'à l'épuisement de ses forces, mais n'en viennent pas à bout. »
Dans son livre, Premier combat (consultable à la médiathèque), Jean Moulin raconte « une effroyable mise en scène », à la suite d'un bombardement des Allemands. « II ne faut pas être grand clerc pour voir que ces malheureux, dont le corps est criblé d'éclats, sont simplement des victimes du bombardement. Hélas, j'ai trop parlé, trop bien découvert leur jeu macabre. »
Ramené à Chartres, il est enfermé dans la conciergerie de l'hôpital. « Et, pour ne pas céder, pour sauver son honneur et l'honneur de l'armée française, il se coupe la gorge avec un débris de verre, écrit le ministère de l'intérieur. Il échappe à la mort par miracle. »
Aucun document, autre que le témoignage de Jean Moulin, n'atteste de ces événements, « car l'affaire a été soigneusement étouffée », précise les archives départementales. Les nazis évoqueront même « un malentendu ».