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Présentation de l'artiste et de quelques-unes de ses promenades, de ses visites, de ses œuvres : dessins, aquarelles, lavis à l'encre et photographies
Une balade du Sémaphore de Pierre le 21 août 2025 avec Géraldine
Départ du parking de Vol Libre de Commes Le Bouffay
Nous avons aperçu de nombreux parapentes durant cette balade
De magnifiques paysages sont percus durant cette randonnée
Une visite du sémaphore de Pierre
Le magnifique panorama depuis le haut du sémaphore
Une vue sur la cathédrale de Bayeux
Le colombier du Mésnil
Aujourd’hui désaffecté et transformé en habitation, le Sémaphore de Longue-sur-Mer assurait la continuité de surveillance de la côte du Bessin. Point de surveillance de la Kriegsmarine pendant la seconde guerre mondiale, il a été depuis remplacé par le Sémaphore de Port-en-Bessin situé à quelques kilomètres.
Ce sémaphore a été construit en 1937 et aura une durée d’exploitation assez courte. Il est désaffecté en 1969. La balise sera en fonctionnement jusqu’en 1979. L’exploitation est déplacée en 1971 au sémaphore dePort-en-Bessin.
Le site du Sémaphore est composé de plusieurs bâtiments annexes dont l’origine n’est pas clairement déterminée. L’armée allemande qui a investi les lieux vers 1942 va y construire plusieurs éléments défensifs (tobrouk) et y installera une antenne de radio détection. L’ensemble est identifié par le codage WN-51 « FUMB Languste »
Le site du sémaphore de Longues-sur-Mer fut très tôt occupé par les Allemands. Ce bâtiment stratégique, situé à près de 75 mètres au sommet de la falaise, profite d'une vue parfaitement dégagée et dès 1940 une section de marins s'y installe pour former une station de guet naval. En 1942, un contingent de la Luftwaffe vient s'installer sur le site pour mettre en place l'une des trois antennes de la station de guidage Elektra Sonne 3 (E3/S3). En effet, sur l’ensemble des côtes d’Europe continentale, la Luftwaffe implante des centres de navigation appelés Elektra Sonne, qui sont au nombre d'une vingtaine en 1944. Répartis de la Finlande à la Méditerranée, ces centres servent à la fois aux avions et aux sous-marins pour repérer leur position. Ces centres sont équipés chacun de trois grandes antennes de type Fu.S.An. 700 maintenues par des haubans. Hautes de 50 à 100 mètres ces antennes sont distantes entre elles de 2,9 kilomètres, soit trois fois leur longueur d’onde d’émission. L’Elektra Sonne 3 (E3/ S3) est implanté à Longues-sur-Mer, l’antenne centrale est située au Wn 51. L’antenne ouest domine la falaise est de Port-en'Bessin au Wn 55 tandis que l’antenne est se dresse au milieu d’un champ en bordure de falaise à la limite entre Longues-surMer et Manvieux sur le Wn 47b. Parallèlement à cela, la Kriegsmarine décide d'implanter un appareil radar de type Fu.MG. 21 Pellworm pour renforcer son dispositif de surveillance. En arrière de ce radar se construisent plusieurs abris destinés au cantonnement et le périmètre est défendu par 3 tobrouks qui encadrent le sémaphore. L'ensemble des ouvrages est relié par un important réseau de tranchées. Aujourd'hui, ce site est totalement laissé à l'abandon. Il se situe en effet dans une zone soumise à l'érosion. La majorité des vestiges est encore visible
La Manche libre 15 décembre 2012
Le Carolic, vieux poêle à bois, crachote une fumée grise. Il fait tout de même frisquet
là-haut, à soixante-quinze mètres au-dessus des flots, le point culminant de la falaise. De sa tour d’ivoire, vigie de douze mètres de hauteur, Pierre, “loup de mer” - touche à tout, regarde de l’autre côté d’une des six vitres qui le protègent des coups de vent. Mieux qu’au cinéma panoramique : la vue embrasse le littoral de la Manche sur plusieurs kilomètres de long. Par temps clair, on aperçoit jusqu’au Cap d’Antifer, à l’arrière du Havre et du Pont de Normandie. De l’autre côté, le soleil, aux beaux jours, se couche au-delà de la pointe de Barfleur, tout là-haut dans le Cotentin qu’on distingue comme s’il était à nos pieds. Entre les deux, les plages du Jour J, Omaha la sanglante, le Passage de la Déroute, la haute falaise “truffée de sangliers”, les caissons d’Arromanches et le petit port de Port. Pierre Guillaume, 57 ans et plusieurs vies derrière lui, sourit en tirant sur une énième cigarette, pas frisquet pour un sou : “c’est un rêve de gosse que d’habiter là. Un rêve un peu fou”.
“Apprivoiser le vent”
Fou ? C’est peu de le dire. L’ancien sémaphore de Longues construit dans les années trente au-dessus des plages du “chaos” a failli disparaître, sauvé in extremis de l’érosion et racheté par son père il y a une trentaine d’années. Et c’est parce que son père était géologue, comme le fut son grand-père, que le sémaphore est revenu à la famille. “Mon père a su convaincre les Domaines que le lieu n’allait pas terminer dans la mer, mangé par la falaise”. On pourrait s’en inquiéter, lui pas. “La géologie, j’en ai entendu parler matin, midi et soir à la maison quand j’étais môme. Alors s’il y avait une faille ici, je la verrais venir de loin”. L’ancien directeur de marketing qu’il fut, ancien éducateur spécialisé, ancien formateur pour la Confédération Générale des Cadres et ancien… artisan plombier y vit depuis bientôt trois ans avec ses quatre enfants, deux garçons, deux filles.
Les oies sauvages
Il se souvient que tout gamin, quand ses parents le mettaient en pension dans la maison de famille, résidence secondaire à deux pas d’ici, il rêvait qu’un jour il pourrait y habiter. Sa Madeleine de Proust à lui et un peu plus que cela. “C’est un lieu tout à la fois isolé et en pleine communion avec la nature. Un endroit pour créer, écrire, rêver”. Un lieu pourtant pas toujours facile à habiter, surtout quand les hivers sont rudes et qu’il n’y a toujours pas de chauffage central. Et puis le vent cogne aux fenêtres à faire hurler les volets qui ne sont jamais clos. “C’est vrai que se retrouver tout seul, ici, une nuit de tempête peut impressionner. J’ai appris à apprivoiser le bruit que fait le vent. Je peux même savoir en pleine nuit, sans me lever, d’où il vient en l’écoutant se cogner aux murs”. Il y a huit grandes pièces et une tourelle desservie par un petit escalier en colimaçon. C’est là que Pierre Guillaume a choisi d’installer son bureau de fortune, sa chambre à coucher. Il se souvient, en lorgnant sur la mer, y avoir vu un jour batifoler une colonie de dauphins gris et voler juste au-dessus des grèves des milliers d’oies sauvages. “Le spectacle, c’est le paysage qui n’arrête pas de changer de couleur”. Les petits matins sont souvent les plus beaux du monde. Pierre, là-haut, la tête dans les nuages, voit parfois “des fleuves de brumes s’en aller à la mer”. Le rêve de sémaphore est un joli trésor.
Alain Fergent
Le circuit de la randonnée du 21 août 2025 et ses caractéristiques