10 août 1239, le roi Louis IX, dit Saint-Louis reçoit, avec son imposant cortège, la couronne d'épine du Christ achetée à la République de Venise depuis Constantinople dans le manoir de Mouny ou Moulny.
Louis IX acquiert la couronne d'épines pour 135.000 livres tournois, soit la moitié des revenus annuels de la couronne de France. C'est un achat exceptionnel car les autres reliques de la Passion ont perdu de leur valeur, car elle ont été fractionnées. La couronne du Christ est la seule intacte. Certes, pas mal d'épines ont été prélevées et même fractionnées en quatre, mais le plus gros de la couronne reste intacte.
La couronne d'épines du Christ : cette dernière ressurgit au IVème siècle. Sainte-Hélène, la mère de Constantin, se rend à Jérusalem, identifie la "Vraie" croie et repère le Saint-Sépulcre, le site où Jésus aurait été enterré. On recueillait alors un maximum de reliques de Jésus, mort trois siècles auparavant, pour les vénérer et la Couronne d'épines n'en était pas la moindre. Elle sera alors transférée à Constantinople par les Byzantins.
Saint- Louis devra alors négocier deux ans avant de verser une somme faramineuse : 135.000 livres tournois, soit la moitié su budget royal de l'époque !
Un peu de recherche sur le lieu, proche de Villeneuve l'Archevêque située près de Sens.
Merci à M. Michel Rébéquet, historien et ancien maire de Villeneuve l'Archevêque pour ses précieux documents et parutions, son accueil chaleureux.
Merci à M. Bernard Brousse, conférencier à la cathédrale de Sens.
Merci à M. Denis Gaudillier, Président de l'Association Etre de Villeneuve l'Archevêque qui m'a fourni aussi une documentation des plus précises et des détails des manifestations liées au transport et aux retours de la Couronne d'épine du Christ à Villeneuve l'Archevêque.
Merci à Yveline, notre amie, de nous avoir donné l'idée de cette recherche à partir de cette photographie :
La source de l'article : Bulletin d'information N° 26 d'Octobre 20227 du site de Villeneuve l'Archevêque.
Et où se situe ou plutôt se situait le Manoir de Mouny ou Moulny ?
.... malheureusement détruit et anciennement situé sous l'autoroute A5 !
Où se situe la Croix et le panneau commémoratif de l'évenement ?
carte IGN sous Géoportail
Merci à M. Michel Rébéquet et à Yveline pour nous avoir informé de cet évènement important dans l'histoire.
La croix et le panneau commémoratif correspondant à l'évènement :
Sources photographie Michel Rébequet
L'ancien manoir de Mouny ou Moulny et son emplacement
Un autre article de M. Denis Gaudillier, ancien Président de l'Association ÊTRE de Villeneuve l'Archevêque :
TERRE ET MANOIR DE MAULNY LE REPOS par M. Denis GAUDILLIER .
Lorsque l’association ÊTRE, de Villeneuve l’Archevêque, dont j’étais le président, organisa de grandes manifestations pour le 750ème anniversaire de la susception de la Couronne d’épines en 1239, ce fut pour moi l’occasion de discuter assez longuement de ce manoir de Maulny le Repos avec l’abbé Leviste.
Il donna d’ailleurs une conférence sur ce thème. Aussi ne m’en voudra-t-il pas trop, je l’espère, de me servir en grande partie de ses propos pour redonner vie au souvenir de ce manoir. Un lieu-dit de la commune de Bagneaux, traversé par l’autoroute depuis 1991, aux confins de la Bourgogne et de la Champagne, aux portes de Villeneuve l’Archevêque, c’est tout ce qui reste d’un petit château implanté sur le domaine de Mauny. Sur les cartes, deux contrées portent le nom de Mauny : les Vignes de Mauny, en bordure de la départementale 660, et, tout de suite à côté, au nord, la Ferme de Mauny. C’est là qu’était situé le manoir. Le lieu-dit « La Garenne » (qui leur fait suite) situe le parc et la garenne du château. Les chemins qui permettaient de se rendre dans les localités voisines ont disparu avec le remembrement.
(Plan de la terre et seigneurie de Bagneaux, dressé en 1671 par le frère Hilarion Chaland, moine de Saint-Germain des-Prés ", Archives nationales, NII, Yonne 9) Les correspondances entre la D660, la D79 avec les routes indiquées sur ce plan et les lieux-dits permettent d’avoir une idée assez précise de l’emprise des terres de Maulny, et de se rendre compte que ce manoir, ou ce qui en reste sous terre, est situé exactement sous l’autoroute. « Il ne reste rien de l’antique manoir où, le 10 août 1239, le roi Louis IX ou Saint-Louis accueillit l’imposant cortège qui lui apportait le Couronne d’épines achetée à la République de Venise…. Ce témoin précieux du passé avait pourtant réussi à traverser les siècles sans trop de dommages et, quand les journalistes du XIXème siècle voulurent rappeler le passage de saint Louis, au sixième centenaire de l’événement, ils purent encore souligner l’intérêt que présentait le château de Maulny-le-Repos. » (abbé Jacques Leviste)
En février 1867, un incendie détruit une grande partie des bâtiments. Les frais de restauration devaient être trop importants pour les propriétaires d’alors puisqu’ils décidèrent de tout raser. Les matériaux réutilisables vont servir à agrandir la ferme de la Métairie, à Bagneaux, et le reste ira combler la mare et des fossés. C’est à peine si une butte rappela pendant quelques temps l’emplacement du manoir. Mais le remembrement, puis la réalisation de l’autoroute, en 1991, vont faire disparaître totalement ce point de repère. Maulny apparaît dans l’histoire au milieu du XII° siècle. C’est le patronyme d’une famille qui détient cette terre. « Le lieu est le point d’aboutissement du grand chemin de Provins à Troyes, contournant Nogent-sur-Seine, et passant par la Motte-Tilly, Trainel, Villechat et Courgenay. Ce grand chemin croise à Mauny la vieille voie romaine de Sens à Troyes. Le lieu revêt donc une importance stratégique et économique indéniable… Ce château de Mauny aurait empêché le développement d’une première fondation de la Ville Neuve sur la Vanne. » Il s’agit d’un domaine, « une villa », dans les cartulaires latins, et l’existence d’un manoir féodal n’est pas mentionnée. Ce domaine, cependant, devait être appelé à s’étendre puisque l’éventualité d’une future paroisse est envisagée en 1185.
En effet, la construction d’une chapelle fait l’objet d’une charte dans le cartulaire de Saint-Germain-des Prés (reproduite dans le cartulaire général de l’Yonne). La rédaction de ce document est située, par Dom Bouillard et par Max Quentin, en 1185, sous l’épiscopat de Guy de Noyers qui fut archevêque de Sens de 1176 à 1193. Itier de Mauny demande à son cousin l’archevêque l’autorisation de construire une chapelle dans son domaine. Voici la traduction (par l’abbé Leviste) de la réponse de l’archevêque qui, tout en donnant l’autorisation, préserve les intérêts de la paroisse de Bagneaux, et bien sûr, ceux de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. "Guy, par la grâce de Dieu archevêque de Sens, à tous ceux auxquels le présent document parviendra, salut dans le Seigneur. Nous voulons faire connaître à vous tous que nous, répondant aux sollicitations de notre cher fils Itier de Maulny, notre cousin, avons donné notre accord pour qu’une chapelle soit construite dans le dit domaine de Mauny, situé sur la paroisse de Bagneaux et qu’il puisse lui-même et les hommes de son domaine y entendre le service divin et jours ordinaires. Aux principales fêtes, ils viendront à l’église mère de Bagneaux.
Il est convenu en outre qu’aucun prêtre ne desservira ladite chapelle si ce n’est le titulaire de l’église de Bagneaux. De même qu’on ne fera en ce lieu ni cimetière, ni fonts, ni baptistère, ni sépulture de défunts, mais seulement en l’église mère. Si pourtant le domaine de Maulny devait s’accroître au point de réclamer une église paroissiale, aucun prêtre n’y serait nommé si ce n’est sur la présentation de l’abbé de Saint-Germain-des-Prés, et les moines de Bagneaux jouiraient de la même portion de droit et de coutume sur tous les bénéfices comme ils en jouissent sur l’église de Bagneaux. Pour que cet accord soit ratifié et confirmé, nous avons fait apposer notre sceau sur le présent acte. Cette chapelle fut construite. A quelle date, précisément ? Nous ne le savons. Mais elle figure dans un acte de 1549 et sur le plan de 1671. Elle possédait un petit clocher et trois petites fenêtres l’éclairaient. Lorsque les archéologues qui ont fouillé le tracé de l’autoroute A5 ont fait une réunion d’information de la population, ils ont apporté quelques précisions concernant la chapelle. Pour eux, elle était située à 50 m au sud-ouest de la ferme. D’après les traces retrouvées, elle était précédée d’un narthex de 4m x 8m. Ils n’ont pas donné d’indication sur les dimensions de la chapelle elle-même. Ce sont là les seules indications que nous avons, car cette chapelle ne figure sur aucun procès-verbal de visite des paroisses. Elle n’existait plus au XIX° siècle. Elle a dû être abandonnée et détruite au milieu du XVIII° siècle, sans doute quand les seigneurs cessèrent d’habiter Maulny. Elle n’apparaît pas sur le cadastre de 1834. Cadastre de la commune de BAGNEAUX en 1834. C’est sans doute vers la fin du XII° siècle que le château de Maulny fut construit. Il est bien difficile de se faire une idée des lieux. Il nous reste un plan cadastral dressé en 1671 à la demande de Saint-Germain-des-Prés, un plan cadastral de 1834 conservé à la mairie de Bagneaux, et quelques peintures ou dessins du XIX° siècle pour essayer de nous en faire une idée. C’était probablement une sorte de donjon carré auquel on accola un logis sur une cour fermée avec quatre tours d’angles rondes. D’après les archéologues, cet ancien manoir était entouré d’un fossé de 2m de large et de 1,50m à 70 cm de profondeur. Une partie de ce fossé a servi de dépotoir (qui était encore en cours de fouille au moment de la réunion). L’événement important, pour Maulny, se situe en 1239, le 10 août. C’est à cet événement que le manoir doit ce nom de MAULNY-LE-REPOS. C’est ainsi que le manoir est désigné pour la première fois dans un document de 1362, et il le sera toujours dans la suite. L’archiviste Quantin signale, dans ses répertoires archéologique et topographique, que : « Maulny-le-Repos est ainsi surnommé parce que Saint Louis s’y reposa en rapportant la sainte Couronne d’épines … que les Vénitiens lui avaient cédée après l’avoir retirée des mains de Baudoin II, empereur de Constantinople. » Cet événement mérite d’être conté. Cette couronne était à Constantinople. L’empereur Baudoin (famille de Courtenay) était en guerre avec les Grecs et les Bulgares, et avait un besoin pressant d’argent. Il mit la Couronne et un morceau de la sainte Croix en gage pour deux ans en contrepartie d’un prêt des Vénitiens. Apprenant cela, Saint Louis, après des tractations avec les Vénitiens, fait lever le gage pour faire venir la relique en France. Voici la suite de l’histoire racontée par Gauthier Cornut, l’archevêque de Sens, chargé par Louis IX de relater l’événement. Saint Louis envoya deux frères de l’ordre des Prêcheurs et quelques autres personnes pour ramener à Paris la Sainte Couronne. Sur le chemin du retour, à Troyes, ils prévinrent le roi de leur arrivée. Celui-ci, avec sa mère, sa cour et les deux évêques Gauthier de Sens et Bernard d’Annecy, alla à leur rencontre jusqu’à Villeneuve l’Archevêque. Après avoir brisé les sceaux, on ouvrit le coffret d’argent ; on découvrit le très beau reliquaire d’or très fin dans lequel reposait la Sainte Couronne. On ouvrit le couvercle et aux yeux de tous les assistants apparut la perle inestimable. Avec quelle dévotion, avec combien de larmes et de soupirs, elle fut examinée par le roi, la reine et leur suite, il est difficile de s’en faire une idée ! Ils s’attardaient à regarder ce que leur amour avait désiré en éprouvant un sentiment de dévotion aussi ardent que s’ils avaient vu devant eux le Seigneur couronné d’épines. Peu après, on referma sur la relique les deux coffrets scellés avec le sceau royal. C’était en la fête de saint Laurent l’an 1239. Le lendemain, on l’emporta à Sens au milieu de toute la population accourue sur la route. En tête, à l’entrée de la ville, le roi pieds nus, vêtu d’une seule tunique, avec son frère Robert en mise aussi humble, chargea sur ses épaules et emporta le fardeau sacré. Ils étaient suivis et précédés de soldats ayant quitté leurs chaussures. La ville en joie sortit à leur rencontre. Ensuite, les reliques remonteront jusqu’à Paris en passant par Montereau.
Louis IX fera réaliser un écrin exceptionnel pour abriter les reliques de la Passion : la Sainte Chapelle, qui représente une véritable prouesse technique puisqu’elle sera édifiée en 6 ans (Elle sera inaugurée le 26 avril 1248).
Aucun document ne signale donc Maulny lors du passage de Louis IX dit Saint Louis à Villeneuve l’Archevêque. C’est la tradition orale qui rapporte le fait. Mais comme le changement de nom du manoir intervient peu de temps après 1239, on peut donc supposer que le roi se reposa à Maulny, et que c’est Guillaume de Mauny qui accueillit le roi et une partie de sa cour.
Mais il est fort probable, aussi, connaissant la dévotion de Saint Louis pour les reliques, qu’il ait passé une partie de la nuit en présence de ces éminentes reliques dans l’église de Villeneuve.
Peu de détails sur le manoir de Maulny-le-Repos jusqu’au XIX° siècle, si ce n’est une succession de propriétaires (Etienne Meunier, dans ses notes pour servir à l’histoire de Bagneaux, dans ce bulletin, précise les filiations). Le château passe de Guillaume de Maulny, qui n’a pas de successeur mâle, à la famille d’AVERLY (1362 ?), puis à la famille de VERDELOT. Une anecdote : le 6 février 1549, à la mort de Jeanne d’Averly, épouse de Guillaume de Verdelot, Les enfants se partagent la terre de Mauny, après avoir établi des lots d’égale valeur. Des billets aux noms des héritiers ayant été mis dans un chapeau, on appelle un pêcheur de Bagneaux, Jean Moreau, qui passe près de l’auditoire de la justice de Mauny. Il tire les billets, et le quatrième lot échut à Mathieu de Verdelot… Ce domaine passa ensuite, peut-être en 1603 ou en 1634, à la famille de CATELAN, puis à la famille d’ABONDE en 1641. Une sentence du bailliage de Sens, le 6 août 1715, attribue la terre de Maulny-le-Repos à Claude LEBLANC. Sa fille, unique héritière, la transmet à son époux, marquis de Trainel.
A partir de ce moment, le château n’est plus qu’une ferme dans le patrimoine des seigneurs de Trainel.
Le 12 avril 1806, le domaine est vendu pour la somme de quarante-cinq mille francs, par acte passé devant Me Foucault Pavant, notaire à Paris, à M. et Mme Louis Marie VILLIERS. « Louis Marie Villiers, marchand à Bagneaux, était receveur de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et avait pris à bail, des religieux parisiens, la terre et seigneurie de Bagneaux, par acte passé le 23 février 1782 devant Lefèvre, notaire à Paris, moyennant 3 000 livres de loyer. Au moment de la mise en vente des biens nationaux, la terre de Bagneaux consistait en maison ”ci-devant seigneuriale”, bâtiments d’exploitation, 4 perches de terre à chènevière, 97 arpents et demi de terre labourable et 12 arpents de pré en une pièce, le tout estimé 26 900 livres.
Le 31 mars 1792, le tout fut adjugé pour 104.000 livres à Pierre Louis Taillandier, de Villeneuve l’Archevêque, tant pour lui que pour Henri Marie Villiers, fermier de ladite terre, ancien président du district de Sens… Les Villiers avaient réussi, à la faveur de la Révolution et des événements, à regrouper dans leur patrimoine les biens des religieux et ceux des anciens seigneurs de Maulny. Après la mort de Henri Marie Villiers en 1806, et celle de son épouse qui lui survécut jusqu’en 1834…, le domaine de Maulny le Repos fut attribué à Armand Villiers, marchand de bois à Villeneuve l’Archevêque. » (Terre et seigneurie de Maulny-le-Repos à Bagneaux. Abbé Jacques Leviste).
Cadastre de Bagneaux de 1834.
Le cadastre de 1834 montre pour la première fois une mare de 6 ares à Mauny. La ferme et les bâtiments occupent une surface de 13 ares 60 centiares. Armand Villiers déclare une porte cochère et charretière, et pour le logis, 12 fenêtres et portes. La porte cochère est face au chemin menant à Villeneuve. Près de cette porte, une tour en angle. Le jardin se trouve au sud, et la mare est bordée par le chemin qui mène à Bagneaux (chemin de la ferme de Mauny).
Quelques peintures ou dessins du XIXème siècle permettent de se faire une idée de ce qu’était Maulny le Repos
vers le milieu du siècle. Cette petite peinture (33 x 21 cm), du milieu du XIX° siècle, appartenait à M. Jean Merisier, de Sens, qui la tenait de son oncle, Mgr Rouch, ancien doyen de Villeneuve et organisateur des fêtes de la Couronne d’épines en 1939.
Nous voyons ici la façade nord du manoir avec sa tour d’angle et le « chemin de la ferme de Maulny » (qui mène à Bagneaux).
Cette peinture de Despois, peintre lié à Foissy-sur-Vanne, nous montre cette fois la façade est du manoir. Elle a été réalisée probablement vers la même époque que la précédente. Si certains petits détails diffèrent, l’ensemble semble le même. Le chemin que l’on voit est celui qui mène à Villeneuve l’Archevêque.
Dans le Journal de Sens, du 13 août 1836, voici comment le manoir était décrit par un journaliste : « Ce manoir, massif de grès et de briques rougeâtres, flanque de tourelles à meurtrières et bâti dans le style des premiers siècles, se voit encore tel qu’il était alors. » Dans l’Annuaire de l’Yonne de 1843, c’est Victor Petit qui, dans sa visite des environs de Villeneuve l'Archevêque, écrit : « Maulny-le-Repos, vieux château, aujourd’hui ferme, à deux kilomètres de Villeneuve, sur la gauche. Une tour carrée, flanquée d’une petite tourelle, offre un aspect pittoresque ; on domine de là une grande partie de la route que le voyageur vient de parcourir. »
Ce dessin, dans le style de Victor Petit, de 22,5 x 18,5 cm, avait appartenu au docteur Vauterin de Villeneuve, puis à Mme Geneviève Varny, et maintenant à M et Mme Denis Gaudillier, de Villeneuve l’Archevêque, à qui Mme Varny l’a donné pour leurs 50 ans de mariage. C’est une vue de la cour intérieure du manoir. Des divergences existent avec les peintures précédentes. La haute tour carrée que l’on voit dans les peintures semble avoir diminué de taille, en particulier la toiture. Deux autres descriptions du lieu apportent quelques précisions. Celle de Maximilien Quantin : « Maulny le Repos est un manoir converti en ferme, qui a conservé trois de ses tours, avec quelques créneaux. » Isidore Gatouillat, dans ses Echos de l’Yonne (1871), note : « Ce château a été converti en ferme. Il n’y a pas plus de deux ans qu’une tour carrée, flanquée de deux tourelles, y existait encore ; elle offrait un bel aspect.
Mais aujourd’hui, de même que la plupart des habitations, Maulny le Repos a totalement disparu. » Que s’est-il donc passé ?
En 1866, la ferme a été proposée à la location. Une annonce paraît dans Le Sénonais (1er et 8 août) en ces termes : C’est un M. MOREAU qui répondit à l’appel et prit donc le domaine de Mauny en location.
Le manoir de Maulny ou Mauny après l'incendie du 14 février 1867, aquarelle signée Dufayet
Malheureusement, il ne pourra pas profiter longtemps des bâtiments puisque le manoir de Maulny brûle en grande partie le 14 février 1867. Ceci est rapporté par le Sénonais dans son numéro du 16 février : « Le 14 de
ce mois, un violent incendie a éclaté à la ferme de Maulny, commune de Bagneaux, appartenant à Monsieur Villière, propriétaire à Villeneuve l’Archevêque, une grange, un hangar et deux écuries ont éprouvés de sérieux dégâts ; des récoltes, des harnais et instruments de culture, évalués à environ 4 000 F, appartenant au sieur Moreau, fermier, ont été détruits ; les pertes sont couvertes par des assurances. Les causes de ce sinistre sont imparfaitement connues. La justice informe. » Le journal ne parlera plus de Maulny. Et nous ne connaissons pas les résultats de l’enquête. Le cadastre de Bagneaux, en 1868, confirme les dires d’Isidore Gatouillat : Maulny a bien disparu. Ne resteront que deux lieux-dits. Voici ce qui restait de Maulny après l’incendie. C’est une aquarelle signée DUFAYET, en bas, au milieu. La personne représentée est une ancienne domestique qui, après avoir travaillé à Maulny, fut employée par le docteur Léon DUCOUDRAY de Villeneuve l’Archevêque. Le tableau fut donné à Pierre FROMONT, pharmacien à Villeneuve de 1932 à 1970, puis fut transmis à l’un de ses fils, Aryl FROMONT, où il est actuellement. En 1868-1869, la succession d’Armand Villiers est ouverte. Les terres de Maulny ont été vendues à monsieur Jacques Bondoux de Villeneuve. Les pierres de la démolition du château ont servi à l’agrandissement de la ferme de la Métairie. Désiré Louis Budan, cultivateur à la Métairie, successeur de Jacques Bondoux, laissa les terres de Maulny à son gendre Paul Dechambre. La fille de celui-ci, décédée en 1970, à 89 ans, vendit les terres à la famille Jorry qui les cultive encore à ce jour. Le souvenir du passage du roi Louis IX, Saint Louis, à Villeneuve l’Archevêque et à
Bagneaux, est resté dans les mémoires, lié à cette relique unique : la Couronne d’épines. La Susception de cette relique est rappelée dans des vitraux de la Sainte Chapelle. L’emplacement de Maulny-le-Repos est toujours signalé. Dans les nombreuses manifestations que l’association ÊTRE de Villeneuve l’Archevêque organisa en 1989, il y avait l’érection d’une « Croix de Maulny », proche de la D 660, pratiquement à l’emplacement d’une ancienne « Croix Saint Louis », pour signaler le lieu. Dans le comité d’organisation de ces manifestations, en 1989, nous retrouvons le Président et le secrétaire de la Société archéologique de Sens (MM Etienne Dodet et Bernard Brousse) qui ne pouvaient rester à l’écart des fêtes pour le 750ème anniversaire. En 1939, cette même Société Archéologique avait formulé le vœu de signaler l’emplacement, mais n’avait pu le réaliser à cause de l’éclatement de la guerre. Ils ont trouvé là la bonne occasion de réaliser le vœu de la Société archéologique en finançant l’apposition d’une plaque sur le socle de la croix.
Inauguration
et bénédiction de la « Croix de Maulny », le 15 août 1989. Nous pouvons reconnaître Monsieur l’abbé Jacques LEVISTE, sur la photo de gauche. Monsieur Etienne DODET, président de la Société Archéologique, tout à droite. La « Croix de Maulny », peinte en 1990 par Lucien FONTAINE.
Bibliographie : - La terre et seigneurie de Maulny-le-Repos à Bagneaux. Bulletin n° 31 de la Société Archéologique de Sens. Abbé Jacques LEVISTE. - Notes pour servir à l’histoire de Bagneaux. Etienne MEUNIER. (voir dans ce bulletin). - Cahiers généalogiques de l’Yonne. Tome XIX. -" Plan de la terre et seigneurie de Bagneaux, dressé en 1671 par le frère Hilarion Chaland, moine de Saint-Germain-des-Prés ", Archives nationales, NII, Yonne 9 - Max Quantin, Cartulaire de l'Yonne, 1860, tome II. - Cartulaire de Saint-Germain-des-Prés, tome II. - D. Bouillant, Histoire de Saint-Germain-des-Prés. - Journal de Sens, 13 août 1836, p. 170. - Annuaire de l'Yonne, 1843, p. 152. - Répertoires archéologiques et topographiques de l'Yonne, Paris, 1867 et 1868. - D. Bouillard. Histoire de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, Preuves p. 50 ; Cartulaire Général de l'Yonne, " -Pièce CCCL, 1185. - Archives nationales, Bagneaux, L 765, n° 5. Deux pièces attachées, l'une avec le sceau restauré de Guy de Noyers.
Les deux dates de retour de la Couronne d'épine du Christ à Villeneuve l'Archevêque et son territoire de Mauny :
. 10 août 1939, pour le 700ème anniversaire de la commémoration de la Couronne d'épines du Christ au manoir de Mauny ou Maulny,
. 15 août 1989, avec un public de plus de 800 personnes dans ce village de Villeneuve l'Archevêque, pour le 750ème anniversaire de la commémoration de la visite de Saint-Louis.
Saint-Louis et la Couronne d'épines du Christ :
Sources photographies de la cathédrale de Poitiers et église Notre-Dame-la-Grande
Jean-Pierre 22 mai 2023
Article Le Point de décembre 2023 février 2024 Ce que disent les textes sacrés
Les incroyables aventures des reliques du Christ
Liens internes et externes :
Voir aussi l'article sur Villeneuve l'Archevêque et son église gothique : http://inski.over-blog.net/2022/08/villeneuve-l-archeveque-et-son-eglise-gothique.html
Saint-Louis et la couronne d'épines du Christ : https://jeanpierrekosinski.over-blog.net/2022/09/saint-louis-et-la-couronne-d-epine-du-christ.html
Une visite à Sens le même jour : https://jeanpierrekosinski.over-blog.net/2022/08/une-visite-a-sens-au-mois-d-aout.html
Où se situe le Saint-Sépulcre à Jérusalem, article sur Israël : https://jeanpierrekosinski.over-blog.net/tag/israel/
Lien Wikipédia : La Sainte Couronne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Couronne
Lien Wikipédia : La Saint-Chapelle à Paris : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte-Chapelle
Les vitraux de la Saint-Chapelle à Paris site Wikipédia : quelques photographies de vitaux
Pour le Patrimoine des J.E.P. des 17 et 18 septembre 2022, percez le mystère des 1113 vitraux de la Sainte Chapelle à Paris avec votre téléphone : https://www.sainte-chapelle.fr/Actualites/Application-Percez-les-secrets-des-vitraux
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