Le mardi 14 mai 2019 à 18 heures
Bibliothèque municipale Emile Littré
au Mesnil-le-Roi, Yvelines

Rencontre-conférence du 14 mai 2019 de Jean-Loup Martin :

Milutin Milanković (souvent francisé en Milankovitch, en serbe

cyrillique : Милутин Миланковић), né le28 mai 1879 à Dalj en Autriche-Hongrie, aujourd'hui en Croatie et mort le12 décembre 1958 à Belgrade, alors en Yougoslavie, est un ingénieur, un astronome, un géophysicien, un inventeur et un climatologue serbe.
Le prix décerné depuis 1933 par la Société géophysique d’Europe dans le domaine de climatologie et de météorologie porte le nom de Milutin Milanković. La NASA a proclamé Milankovic comme l'un des plus importants savants dans le domaine des sciences de la Terre.
Sommaire
La théorie astronomique des paléoclimats est un modèle utilisé en sciences de la Terre pour expliquer le caractère cyclique des variations générales du climat au cours des temps géologiques. Cette théorie explique que l'énergie radiative reçue par la Terre en provenance de l'espace — essentiellement du Soleil - est quantitativement affectée de variations à long terme, corrélées à celles de son orbite et de ses paramètres de rotation. Les variations correspondent à la quantité nette d'énergie reçue, mais également à sa répartition et à sa « gestion » par l'écosystème Terre. La théorie avance que ces variations sont périodiques, et qu'elles influencent par conséquent le climat selon des motifs cycliques (alternance de périodes glaciaires et interglaciaires, notamment). Il est possible d'en retrouver une trace via différents indicateurs, par exemple dans les roches sédimentaires ou des carottages de glace, dont l'étude fait partie de la cyclo-stratigraphie. La théorie astronomique des paléoclimats est aujourd'hui l'explication classique des phénomènes de (dé)glaciation du Quaternaires, mais trouve également des applications, moins assurées, pour des périodes plus anciennes de l'échelle des temps géologiques.
Lien : cyclostratigraphie
Lien : Quaternaire
Éléments généraux — Cas de la Terre
Le climat terrestre est largement influencé par l'intensité de l'insolation en provenance de l'espace, intensité mesurée comme un flux énergétique (W⋅m−2). Si on se place du point de vue spatio-temporel de l'homme, l'insolation connaît des variations en fonction des saisons (cycles annuels, entre été et hiver), mais aussi en fonction de la latitude (gradient de température des pôles à l'équateur). La théorie astronomique des paléoclimats stipule qu'il existe un forçage astronomique de ces variations sur le très long terme, en raison d'évolutions cycliques ou quasi-cycliques de la configuration des corps célestes — les objets concernés étant principalement le Soleil, la Terre et les planètes géantes.
Les principaux paramètres influençant l'insolation de la Terre, et responsables de ce forçage du climat sont :
- l'excentricité de l'orbite terrestre,
- l'inclinaison de l'axe de rotation de la planète,
- la précession climatique.
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Ces paramètres évoluent sous l'influence de l'évolution du positionnement relatif de différents corps célestes dans le système solaire, de façon périodique : on parle de cycles de Milankovitch. À une configuration astronomique donnée correspond un niveau d'insolation donné, c'est-à-dire un flux énergétique donné dont la valeur est ensuite modifiée par des rétroactions, positives ou négatives, prenant place à l'intérieur du système climatique terrestre (en particulier, du fait des interactions entre atmosphère et hydrosphère : albédo terrestre, action des gaz à effet de serre, absorption par les nuages,réflexion par la végétation, etc.) Cette évolution de l'insolation et ces rétroactions, complexes, sont à l'origine de tendances climatiques (au refroidissement ou au réchauffement), dont le signal est notamment enregistré dans les sédiments , au travers d'indicateurs climatiques tels que le taux de deutérium. La théorie du forçage astronomique des paléoclimats est étudiée et mise à l'épreuve en cyclo-stratigraphie et intervient plus généralement en climatologie.
Initialement développée pour apporter une réponse quantitative aux problèmes des alternances glaciaires-interglaciaires au Quaternaire, elle tend à être généralisée pour les temps plus anciens mais néanmoins accessibles à travers un enregistrement stratigraphique complet, i.e. jusqu'à la limite avec le Précambrien.
Les difficultés rencontrées pour les âges plus reculés que le Quaternaire sont de plusieurs types : l'absence de séries sédimentaires continues sur lesquelles travailler ; la nécessité de dissocier ce qui est de l'ordre du forçage astronomique, des rétroactions, et ce dans des contextes climatiques différents de l'actuel (atmosphère réductrice, etc. donc rétroactions éventuelles différentes) ; l'imprécision et l'incertitude sur les valeurs des périodes des paramètres de Milankovitch au-delà de quelques dizaines de millions d'années (évolution chaotique du système solaire).
Il n'y a de fait pas de consensus sur l'application de la théorie astronomique des paléoclimats au-delà d'une limite qui correspond grosso modo au Tertiaire. Il est possible que pour les temps plus anciens, le climat ait été paramétré à la fois par un contrôle orbital (l'insolation a toujours varié puisque les planètes et le Soleil ont toujours été mobiles en termes relatifs et absolus), mais aussi par la tectonique (répartition des masses continentales, des courants océaniques…).
En accord avec la théorie d'un forçage astronomique du climat, des modèles climatiques sont proposés afin d'étudier les interactions entre ce forçage et les rétroactions. Contrairement aux premières hypothèses, l'évolution climatique sous contrôle orbital n'est pas progressive, mais connaît des phases de transition plus ou moins abrupte. L'interaction de différents mécanismes régulateurs ou amplificateurs semble engendrer un comportement en « seuils ». À ces premiers éléments de complexité s'ajoutent la multiplication des facteurs à prendre en compte pour affiner les modèles, de petites variations initiales pouvant résulter en de grandes rétroactions positives.
Lien : cycles de Milankovich cycles de Milankovitch
Lien : Cyclostratigraphie : cyclostratigraphie
Lien : alternances glaciaires-interglaciaires au Quaternaire
Lien : Précambrien
Atmosphère et hydrosphère : atmosphère et hydrosphère
Lien précession : précession
Lien Tertiaire : Tertiaire
Lien tectonique : tectonique
albédo terrestre : albédo
Le GIEC :
Le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) est une organisation qui a été mise en place en 1988, à la demande du G7 (groupe des 7 pays les plus riches : USA, Japon, Allemagne, France, Grande Bretagne, Canada, Italie), par
Son appellation anglaise est IPCC : Intergouvernmental Panel on Climate Change.
Rôle :
Le rôle du GIEC est “d’expertiser l’information scientifique, technique et socio-économique qui concerne le risque de changement climatique provoqué par l’homme”.
Le GIEC regroupe environ 2500 scientifiques de 130 pays du monde entier.

En 1988, l'ONU crée le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour synthétiser les études scientifiques sur le climat. Dans son quatrième rapport, auquel ont participé plus de 2 500 scientifiques de 130 pays, le GIEC affirme que le réchauffement climatique depuis 1950 est « très probablement » dû à l'augmentation des gaz à effet de serre liés aux activités humaines (d'origine anthropique). Les conclusions du GIEC ont été approuvées par plus de quarante sociétés scientifiques et académies des sciences, y compris l'ensemble des académies nationales des sciences des grands pays industrialisés.
Les dernières projections du GIEC sont que la température de surface du globe pourrait croître de 1,1 à 6,4 °C supplémentaires au cours du XXIe siècle. Les différences entre projections viennent des sensibilités différentes des modèles pour les concentrations de gaz à effet de serre et des différentes estimations pour les émissions futures. La plupart des études ont 2100 comme horizon, mais le réchauffement devrait se poursuivre au-delà car même si les émissions s'arrêtent, les océans ont déjà stocké beaucoup de calories, des puits de carbone sont à restaurer, et la durée de vie du dioxyde de carbone et des autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère est longue.
Des incertitudes subsistent sur l'ampleur et la géographie du réchauffement futur, du fait de la précision des modélisations, de l'imprévisibilité du volcanisme, mais aussi des comportements étatiques et individuels (présents et futurs). Les enjeux socioéconomiques, politiques, sanitaires, environnementaux, voire géopolitiques ou moraux, étant majeurs, ils suscitent des débats nombreux, à l'échelle internationale, ainsi que des controverses. Néanmoins depuis 2000 un consensus émerge sur le fait que les effets du réchauffement se font déjà sentir de manière significative, et devraient s'accroître à moyen et long terme et qu'il serait irréversible sauf actions concertées, locales et globales.
Lien gaz à effet de serre : gaz à effet de serre
Lien dioxyde de carbone : dioxyde de carbone
Quelques images du débat-conférence de Jean-Loup
Bibliographie Milutin Milankovitch ou Milutin Milanković et théorie du climat :
- Milankovitch, M., Théorie mathématique des phénomènes thermiques produits par la radiation solaire, Gauthier-Villars Paris,
- Milankovitch, M., Mathematische Klimalehre und Astronomische Theorie der Klimaschwankungen, Handbuch der Klimalogie Band 1, Teil A Borntrager Berlin,
- Milankovitch, M., Kanon der Erdbestrahlungen und seine Anwendung auf das Eiszeitenproblem, Belgrade,
- Pantic, Nikola, Kanon der Erdbestrahlungen und seine Anwendung auf das Eiszeitenproblem, New English Translation, Canon of Insolation and the Ice Age Problem, Alven Global, (ISBN 978-86-17-06619-0)
Communiqué de Jean-Loup
Rencontre « Les Fureurs du Climat » Comprendre les Problématiques et les Enjeux 17 avril 2019 Maisons-Laffitte Jean-Loup MARTIN Physicien, Chimiste, Economiste, Expert du Climat |
L’évolution du climat terrestre depuis les temps géologiques a été reconstituée avec l’analyse des traces sédimentaires ou humaines : fossiles, isotopes, carottes glaciaires et cernes des arbres. Il est prouvé l’impact permanent du carbone CO2 et la forte réactivité de la température dans l’atmosphère. Ce facteur d’origine humaine déclenche une détérioration majeure du climat, aggravée par la déforestation. La variabilité naturelle du climat avec les paramètres astronomiques, l’activité solaire, les volcans, et la tectonique des plaques ne suffit plus à expliquer les perspectives actuelles du climat..
L’humanité se trouve entraînée vers une augmentation tragique des évènements climatiques extrêmes. En fréquence et en intensité. Ce sont les « Fureurs du Climat » à venir. Avec son lot de drames récurrents actuels et futurs : inondations, cyclones, sécheresses, famines, fonte accélérée des glaces, rivages dévastés, mégalopoles menacées
En effet la situation que connaît le climat terrestre est sans équivalent dans le passé. Jamais le taux de CO2 n'a été aussi élevé depuis 800 000 ans. Jamais le taux de gaz à effet de Serre GES dans l’atmosphère n’a augmenté aussi vite ni le rythme du réchauffement depuis l’apparition de la vie. Et une variation infime de la température moyenne peut déclencher des catastrophes supplémentaires. La biosphère ne s'autorégule que dans certaines limites. Les comportements humains irresponsables et égoïstes ont générés un risque majeur d'emballement climatique.
Le GIEC, Groupe International d’Evaluation du Climat, créé en 1988, comprend 2500 des meilleurs scientifiques du monde entier et a produit 5 diagnostics de plus en plus alarmistes. Les climato-sceptiques sont de moins en moins nombreux. Ils défendent les intérêts de nombreux lobbies que la vérité climatique dérange.
Ainsi l’humanité se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. D’autres motifs graves militent pour limiter le risque carbone : réduire la pollution atmosphérique, la dépendance aux énergies fossiles et une balance commerciale déséquilibrée, un pouvoir d’achat dépendant des monarchies du Golfe. Et favoriser la diversification des risques, de nouvelles technologies et emplois. Protéger la biodiversité élément précurseur de la santé humaine.
Deux Scénarios limites ont été élaborés : un scénario « Emetteur » avec + 4 à 5°C d’ici 2100, ce qui entraînerait des dégâts irréversibles : acidification océans, pertes biodiversité, alimentation, ressources en eau, réfugiés climatiques. Et un Scénario « Sobre » dont le mot d’ordre est la lutte contre le gaspillage. Ainsi l’Action des Etats peut encore limiter la hausse de température à +2°C d’ici 2100. Ainsi le risque d’emballement serait écarté. D’où l’Accord de Paris de 2015.
Cinq impératifs doivent nous guider : réduire l’addiction aux énergies fossiles, et adapter les conditions de vie au changement de climat, réguler les flux massifs de réfugiés climatiques, s’organiser pour réduire le nombre de victimes, et combattre les déséquilibres induits entre les pays par l’injustice climatique très inégalitaire. Le coût de l’inaction est d’ores et déjà évalué comme considérablement supérieur aux investissements appropriés.
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